Ce printemps, Roland, un ami de Crest connaissant bien la Suisse lance l'idée de faire la descente du Rhône à vélo début septembre. Comment résister à une telle proposition? Quelques étapes ne sont pas faciles, mais aller voir la source du Rhône, le lac Léman et cette belle vallée du Valais que j'ai parcourue plusieurs fois en voiture pour escalader les sommets et les glaciers des montagnes. Voir aussi comment les Suisses développent et pratiquent le vélo.
Nous sommes un petit groupe de 6. La formule choisie est un séjour "Route du Rhône N°1 standard" avec SwissTrails qui réserve les hôtels, transporte les bagages et fournit un road-book aux participants. C'est un peu cher mais c'est Suisse! Il n'y a plus qu'à pédaler visiter. Cela donne un petit parcours de 371km en 6 jours le temps d'en prfiter
Pour se rendre au départ à Andermatt, nous choisissons le plus simple : le train. De valence il y a un TER tôt le matin pour Genève et ensuite toutes les 1/2 heure un train pour Brigue. Nous retrouvons les autres à Lausanne. A Brigue il faut changer de train et prendre un train à crémaillère pour Andermatt.
Il y a pas mal de cyclistes qui se mettent à prendre le train aussi bien en France qu'en Suisse. Nous retrouvons la gare de Genève avec ses rampes pour accéder aux quais. C'est pareil à Lausanne. A Brigue les cars qui desservent la région sont tous équipés de rack vélo. Il y a même des remorques pour prendre les vélos pour les groupes plus nombreux. Tous les cyclistes ne prennent pas le train avec leur vélo. Les parkings vélos sont bien remplis!
Le Glacier Express est un train direct en Suisse qui va de Saint-Moritz à Zermatt via Andermatt et Brigue. Comme dit la publicité, c'est le train rapide le plus lent du monde! Nous en avons croisé plusieurs ils étaient pleins de touristes!
Ce voyage est déjà fabuleux. On profite pleinement tout le long du paysage, le Lac, les vignobles, les montagnes, le Rhône qui se transforme en torrent alpestre. Des ouvrages d'art impressionnants mais aussi des passerelles aériennes.
Partout, en plaine comme en montagne les prairies arrosées artificiellement. Cela montre bien la fabuleuse gestion de l'eau de cette région.
Andermatt, 1400m d'altitude, nous voilà au cœur de ce château d'eau de l'Europe entre les sources du Rhône et du Rhin, qui tenait sa richesse comme point de passage obligé entre le nord et le sud de l'Europe. Aujourd'hui c'est fini, tout ce trafic passe en souterrain. Le tourisme a pris la relève et c'est une station de montagne été comme hiver. Début septembre, elle a retrouvé son calme paisible mais on constate qu'elle a su conserver son cadre de village, ses traditions et son folklore. C'est devenu également un grand carrefour d'itinéraires cyclables Vélo, VTT mais aussi de randonnées pédestres.
Andermatt - Gletsch 32km
D + 1000m D - 872m
La 1ere étape est courte 32km mais il faut passer le Furkapass à 2400m. Il fait beau. Un début de parcours avec 8km de pente douce vers Realp, il reste 12km et 900m à grimper . Tout à gauche , avec de nombreux arrêts et un peu de marche à pied , il faut cela pour ménager nos vieilles carcasses! Nous rejoignons les amis arrivés depuis longtemps.
La route de la descente sur Gletsch est impressionnante. C'est à l'ancien hôtel du Belvédère que l’on va admirer le glacier et la source du Rhône. C'est très émouvant de voir l'accélération de la disparition de ce glacier et les traces de l'action du glacier sur le paysage.
Dans la descente nous trouvons le train touristique à vapeur qui relie Andermatt à Oberwald et passe en tunnel sous le Furkapass.
Nous voilà à Gletsch devant l’hôtel Glacier du Rhône construit en 1850. Appartenant au canton du Valais il vient de faire l'objet d'une rénovation douce de grande qualité conservant son esprit d'origine.
A l'entrée, la plaque en mémoire des Dérailleurs du Rhône qui ont réalisé la première descente du Rhône à vélo fin Aout 2003. C'est la même que celle posée à sur la plage Napoléon à Port-St-Louis-du-Rhône. Elle rappelle que nos amis Suisses ont joué un rôle très important dans l'émergence de cet itinéraire.
Gletsch - Brigue 59km
D +595m D -1565m
On quitte Gletsch par une belle descente dans les mélèzes pour arriver à Oberwald dans la large vallée. La véloroute longe le jeune Rhône dans les alpages. Le Goms est le paradis du ski de fond avec plus de 100km de piste. Les villages avec leurs maisons de bois sont un peu a l’écart. Nous montons dans Munster en admirant ces greniers en mélèze avec les pierres intercalées sur les appuis pour couper l’accès aux mulots et protéger les récoltes. C'est de ces villages qu'est originaire Cäsar Ritz qui a crée la célèbre chaine d’hôtels.
Après Ernen, encore un joli village avec son marché, on entre dans la vallée latérale sauvage de Binn, paradis des minéraux qu'empruntait la liaison muletière reliant le Haut Valais à l'Italie par le col de l'Abrunpass à 2400m. C'était la richesse de la Région qui a perdu son importance à la construction de la route du Simplon.
La Véloroute emprunte ce passage sauvage avec 1.5 km raide où il faut pousser son vélo. Après ce passage escarpé dans la forêt on débouche sur une adorable petite chapelle.
Puis c'est la descente pour retrouver le Rhône et la route de la vallée avec ses activités hydrauliques, industrielles et carrières pour rejoindre Brigue.
Brigue
Nous voilà à Brigue à vélo cette fois. On accède facilement au centre débarrassé de voitures, ce qui lui donne une belle allure calme et accueillante avec ses commerces et bistrots. Randonneurs à pied ou à vélo se croisent sur la place. On sent la montagne proche. L'ancienne route du Simplon est aujourd'hui pavée ça donne envie de partir! C'est là que se trouve l’étonnant château construit en 1650 par Kaspar Jodok von Stockalperpar, marchand actif, entreprenant, audacieux, avec 3 tours auxquelles il donna le nom des rois mages par piété ou pour être bien vu de l'église. Il habitait là mais aussi s'en servait pour stocker les marchandises. Il voyageait beaucoup et on raconte que pour se rendre à Marseille, il ne logeait que dans ses propriétés!
Il a laissé ce palais étonnant que la ville a repris et remis en état pour en faire un musée, un théâtre, ses archives et ses bureaux.
En visitant le château et son parc nous entendons raisonner un cor des Alpes avec ses sonorités très particulières c'est l'appel pour le vernissage de l'exposition dune artiste locale dans une salle voisine.
Brigue - Sierre - Sion 67km
D +261m D -416m
Une belle étape dans la vallée alluviale du Rhône très plate, sans transition avec les versants de la montagne. La vigne est l'activité que nous verrons sur les flans jusqu'à Genève. Dans la plaine, des prairies, des céréales et de l'arboriculture. Un arrosage par aspersion est présent partout. L'industrie est aussi présente en périphérie des villes et aussi de grosses usines chimiques dans la plaine.
Plusieurs types de parcours.
Des routes partagées traversant les villages à 30, sans aucun aménagements pour les vélos, reliées par des chemins agricoles interdits à la circulation motorisée.
Des voies vertes sur les digues du Rhône qui est partout canalisé. La végétation sur les berges des digues est très présente. La taille des arbres, peupliers, bouleaux essentiellement est très importante, à croire qu'en Suisse la végétation ne pose pas de problèmes pour les digues.
Une autoroute continue de se réaliser progressivement. Le chantier est maintenant entre Sierre et Brigue. La continuité est bien assurée avec le balisage et quelques passages dans les installations de chantier. Une section d'autoroute se terminait entre deux échangeurs Leuk et Gampel et il est d'usage de faire une ouverture festive pour les habitants de la région avec promenade à vélo et à pied, jeux pour enfants et buvette casse croute. Tous les ouvrages routiers réalisés ont des passages piétons vélos séparés très confortables.
Il reste encore 5km sur la route principale avec de très confortables bandes ou pistes cyclables.
Une étape à midi à Sierre avec là aussi un centre ville sans voitures très calme.
La Pouta-Fontana est une réserve naturelle, rare zone qui témoigne de la plaine du Rhône d'autrefois avec sa végétation humide et sa faune typique et riche : mammifères et oiseaux aquatiques, reptiles, batraciens, poissons, insectes.
Quelques aires avec bancs, fontaine, poubelles au design soigné.
L'entrée dans Sion se fait par une large passerelle.
Sion
Encore un hôtel avec des chambres petites mais superbement aménagées. Après une bonne douche nous nous retrouvons sur la place du Midi pour boire une bière. Un minibus sans chauffeur passe et va s’arrêter devant la fontaine. La Ville de Sion expérimente deux navettes autonomes, des véhicules électriques sans chauffeur qui parcourent à la vitesse de 20km/h la ville de Sion depuis ce printemps .
C'est le laboratoire de la mobilité (Mobility Lab Sion-Valais) avec CarPostal et la Ville de Sion qui réalise cette expérimentation. Ces véhicules du constructeur français à Villeurbanne Navya peuvent accueillir 11 passagers.
Même si un personnel accompagnant est toujours à bord, les véhicules sont entièrement automatiques, n’ayant ni volant ni pédales de frein ou d’accélérateur.
Ayant enregistré l'environnement, grâce à des capteurs, le véhicule peut circuler au centimètre près et distinguer sur sa route tous les types d’obstacles et la signalisation, de jour comme de nuit. La seule difficulté reste la végétation qui pousse et peut créer un obstacle virtuel!
Bien sûr nous embarquons pour faire un petit tour de ville. C'est impressionnant.
Une expérimentation de ces véhicules vient aussi de commencer à Lyon au quartier Confluence.
Nous continuons à pied la visite de la ville avec la cathédrale et le centre ancien avec son caractère méridional.
Il se met à pleuvoir. Il y en avait besoin. Cela va rafraichir l’atmosphère.
Sion Martigny Montreux 82km
D +243m D- 342m
Le temps est gris et pluvieux pour cette longue étape. Les montagnes sont enveloppées dans la brume. Nous suivons la digue du Rhône. Ce n'est pas le jour à visiter le vignoble. La pluie s'accentue. Les ouvrages pour les vélos franchissent toutes les coupures (autoroutes, voies ferrées, grandes routes ...) soit par dessus ou par dessous. A Martigny un café nous accueille gentiment. Nous commençons à parler de prendre le train pour terminer la journée mais la météo est un peu rassurante pour l'après midi. Le temps de se sécher et de se restaurer, le calme revient et nous donne l’espoir de voir le Rhône se jeter dans le lac Léman! Il nous faudra revenir pour voir la fondation Gianadda
Les digues du Rhône sont toujours abondamment plantées. Des travaux sont entrepris pour nettoyer la végétation basse et supprimer les terriers des animaux qui pourraient créer des dommages en cas d'inondation.
Le passage à St Maurice est spectaculaire, les deux massifs des Alpes Valaisannes et Bernoises se rapprochent. Le Rhône n'a plus beaucoup de place et l'autoroute, la voie ferrée et la route franchissent ce passage en tunnel.
A Vouvry des travaux nous obligent à traverser la ville. La voie cyclable est en train d’être refaite.
Nous franchissons le Rhône sur une dernière passerelle avant qu'il ne se jette dans le Rhône. Il nous parait plus important à l'entrée dans le lac qu'à sa sortie à Genève.
Finis le calme et la tranquillité. Nous quittons la plaine du Rhône pour la rive du lac Léman très urbanisée.
Le parcours emprunte parfois les rues des villes, et parfois la route côtière assez passante.
A Montreux un dernier effort pour regagner l’hôtel Tralala situé dans la partie haute du centre avec une superbe vue sur le lac!.
Montreux Morges 58km
D +608m D -658m
La journée sur le Léman commence par un parcours dans les rues de Montreux puis sur la corniche et sur le quai plus tranquille. Vevey accueille le célèbre groupe alimentaire Nestlé et c'est là que se trouve le siège de la fondation Alimentarium. Avec la fourchette plantée dans l'eau Impossible de l'oublier en passant au bord du lac.
Au centre de la ville, on quitte le bord du lac et le parcours devient spectaculaire en montant dans le vignoble jusqu'à l'entrée de Lausanne. Les vignes sont accrochées dans les pentes. Les vignerons se préparent à la vendange et pour accéder à la vigne et sortir le raisin, la pente est si raide qu'ils ont installé des petits wagonnets tirés par une machine en équilibre sur un rail à crémaillère, étonnant!!
Le chemin n'est pas toujours facile. Il faut souvent mettre pied à terre mais en haut, quel spectacle! Nous redescendons en traversant quelques villages de vignerons accrochés à la pente et arrivons a Ouchy au bord du lac. C'est là que se trouve le CIO. On se demande pourquoi la piste cyclable descend subitement et sans raison sur la chaussée et remonte après le passage du CIO. Le vélo ne serait-il pas un moyen de déplacement à part entière?
Nous nous séparons là. Nos amis remontent à la gare de Lausanne et avec Lucette nos continuons sur Genève.
Cette zone a été aménagée pour l’exposition nationale suisse de 1964. Elle est devenue une zone de loisirs et de sport. La véloroute est en retrait du bord du lac où des cheminements piétons vélos sont aménagés en montrant gentiment aux amis de la petite reine que le piéton est Roi!
La Suisse à voté une loi permettant de créer un cheminement public au bord du lac et je voulais voir ce que cela donnait aujourd'hui.
Ce cheminement est maintenant continu. Il existait déjà de nombreuses parties de berge publiques mais entre les propriétés dont le terrain allait jusqu'à la rive. Aujourd'hui un passage public de 2m environ est réalisé bien sûr il faut descendre du vélo! Nous sommes donc passés à pied et arrivés à Morges notre étape avec vue sur le Mont Blanc.
Morges Gex 56km
D+741m D-376m
Le parcours se déroule essentiellement sur la terrasse agricole, céréales et arbres fruitiers avec quelques descentes sur la berge du Léman. Nous traversons le très joli village de St Prex et la plage du Perroy avec bien sûr quelques vignobles sur les coteaux intermédiaires et toujours le Mont Blanc en fond de décor.
Après Nyon le chemin ombragé du vallon du Boiron nous amène tranquillement jusqu'à Divonne. A l'entrée en France, une voie verte de 2km sur l'ancienne voie ferrée Bellegarde Divonne- les-Bains, réalisée par le PLM en 1899, permettent de rejoindre le lac. L'ancienne route du tour du lac et maintenant interdite aux voitures. Un loueur de vélo est installé là. Encore un bout de voie verte de 500m pour relier le lac et le centre. Divonne est en train de se convertir au vélo? Pas encore tout à fait, il y a encore des barrières inutiles qui rendent difficile l'usage de la voie verte et pas de DSC (double sens cyclable) dans le centre ville, mais ça vient. A la gare une piste cyclable et une voie verte de 1.6km continuent sur l'assiette de l'ancienne voie ferrée dans un cadre très bucolique et le prolongement de 1.5km jusqu'à Grilly est en travaux. Le succès est garanti. Étonnant de voir que les travaux se réalisent sans avoir déferré la voie. Il semble peu probable qu'un tram revienne un jour sur cette emprise. Les déplacements de l'agglomération restent centrés sur Genève.
A Grilly une petite route, suivant à peu prés l’ancienne voie ferrée, nous amène à Gex. C'est un parcours bucolique que seule la chaleur rend pénible.
Le plus difficile sera la traversée de Gex. Nos Amis habitent tout à fait en haut de la ville mais une magnifique vue sur le Mont Blanc nous fait oublier vite ce dernier effort.
Gex Genève 22km
D +88m D -438m
Pour rejoindre la gare de Genève j'avais repéré sur le site de l'Association des Piétons et Cyclistes du Pays de Gex un itinéraire proposé pour se rendre à la gare de Genève. Nous l'avons pris et il est parfait. Bien sûr, en France, quelques tronçons pourraient être un peu aménagés et un balisage mis en place; mais il est tranquille. Dans Gex ce n'est pas facile de trouver le bout de voie verte réalisé et qui de fait sert plutôt de cours de récréation aux lycéens. La Traversée de Cessy est bien tranquillisée. Beau parcours entre Maconnex et Fernay Voltaire. En Suisse, comme partout les coupures des grands ouvrages sont réglés par des ouvrages importants comme le passage sous les pistes de l’aéroport et le franchissement de l'autoroute, le reste passe généralement bien. La traversée sous Palexpo a été la seule hésitation.
En approchant de la gare, sur des rues importantes, il est étonnant de constater le peu de trafic automobile. Là aussi, l’organisation de la ville, conduirait-elle à une "évaporation"?