En juillet, j'ai passé quinze jours à vélo sur l'EV6 entre Mulhouse et Passau avec une dizaine d'amis. C'est la première fois que j'allais en Allemagne à vélo. J'ai raconté notre voyage mais il me semble utile d'ajouter quelques commentaires et impressions sur cet itinéraire et la place du vélo dans les villes et villages traversés de Suisse et d'Allemagne.
Les images sont parlantes mais ceux qui veulent développer la place du vélo dans notre vie quotidienne ne devraient pas hésitez pas à aller y faire un tour.
Les Voies Vertes
La véloroute EV6 est constituée de tronçons de voies vertes interdits aux véhicules motorisés. Ils sont mentionnés comme des voies piétons-vélos. On rencontre également des panneaux voie piétons autorisée aux cyclistes.Comme chez nous les anciens panneaux interdit aux véhicules motorisés ou interdit à tous véhicules sauf vélos sont encore en place.
C'est bien partout pareil, la législation évolue, la pratique se développe mais les panneaux restent.
Dans la campagne, on trouve de beaux tronçons de voie verte qui sont assez larges. Elles sont en enrobé, ou en stabilisé parfois très grossier. On trouve du stabilisé dans les parties peu habités et resserrées de la vallée du haut Danube ou en bordure du fleuve, sur la digue et le contre canal.Les parties en enrobé sont de très bonne qualité.
Ces voies piétions-vélos sont systématiquement aménagées le long des routes. Nous n'avons jamais vu de bandes cyclables. Quand il y a peu de place, la séparation se fait par une glissière, une simple bordure. Quand elle s’interrompt, cette voie se prolonge par un chemin rural pendant quelques km pour retrouver une piste plus loin. La continuité est donc assurée.
En zone péri-urbaine, le long des voies principales, les voies piétons-vélos sont dissociées de la chaussée sans problème de cohabitation.
Les deux dernières photos montrent le passage d'un arrêt de bus et la traversée d'une voie de sortie d'une station service. C'est là que l'on voit comment les techniciens de la voirie prennent en compte les vélos. La continuité du revêtement est assurée. Il n'y a pas de bordures transversales gênantes pour le cycliste.
Je n'ai rencontré que 2 fois l'obligation de séparer les piétons et vélos : à la sortie d'Ulm où le nombre de vélos était impressionnant et sur le pont de Neustadt. Partout, quand elle a existé, cette séparation est supprimée.
La solution retenue, comme à Bad Abbach, est d'augmenter la largeur de la voie. Ce n'est qu'une question de volonté.
Aux intersections et carrefours la continuité de la voie piétons-vélos est claire et très souvent matérialisée par des bandes discontinues, de la peinture ou un revêtement de dalles ou pavés.
En quinze jours nous n'avons vu que ces 2 dispositifs anti intrusion. Cela confirme bien qu'ils ne sont pas indispensables quand le vélo est considéré comme un moyen de déplacement par tous.
Beaucoup d'ouvrages d'art de tout type pour franchir des obstacles : cours d'eau, voie ferrée, routes. Ils sont toujours largement dimensionnés et montrent bien qu'ils sont fait pour être utilisés!
Il en est de même pour les trottoirs des ponts routiers qui peuvent être très confortables ou de très simples encorbellements!.
Les escaliers sont toujours complétés par des ascenseurs ou des rampes pour les vélos.
Quand par mégarde on se trompe et que l'on doit en prendre un il est équipé d'une rampe vélo!
Les routes partagées.
Il y a aussi beaucoup de petites routes où il y a très peu de trafic. Sur ces routes, nous n'avons pas croisé beaucoup de voitures et ceux que nous croisons ralentissent en nous voyant.
Parfois il y a une limitation de vitesse à 50.
En Suisse, entre Schaffhausen et Donaueshingen, sur la route qui sert uniquement de desserte locale, nous avons rencontré sur 5km un Chaucidou (Chaussée voie centrale Banalisée) qui est bien rassurant pour le cycliste. En France le ministre a annoncé dans le cadre du Plan d'Action pour les Modes Actifs de développer ce dispositif, mais ses services n'ont pas l'air de communiquer sur ce sujet !
La signalisation directionnelle et balisage
La signalisation directionnelle est bien faite. Sur fond rouge en Suisse et blanc en Allemagne. Le balisage avec la mention de l'itinéraire est fréquent. Aux intersections principales il mentionne les prochaines villes. Cela n’empêche pas de se tromper. Comme partout il faut être attentif et une carte assez détaillée du parcours est très utile. Il y a un réseau très ramifié et beaucoup d'itinéraires.
Dans la vallée du Danube, il y a des itinéraires cyclables balisés sur les deux rives, ainsi que plusieurs variantes balisées.
Il y a aussi d'autres itinéraires cyclables qui y convergent et des boucles plus courtes. Chaque logo est représenté sous mention de la direction. Comme il y a des itinéraires partout, cela fait souvent beaucoup mais ils sont tous rassemblés sur le même support! Il doit y a voir un seul gestionnaire par tronçon.
Chez nous on n'a pas encore ce problème mais cela ne va pas tarder!
En Bavière, en plus des panneaux habituels, on voit apparaitre de nouveaux panneaux de signalisation directionnelle. Cette nouvelle signalisation a l'air de se mettre en place.
Zones de Rencontre
Tout le long du parcours, nous avons aussi rencontré beaucoup de "zones de rencontre": pour traverser un établissement hôtelier, un monastère également accessibles en voiture, sur une rue où le transit automobile n'est pas possible et le plus souvent pour rentrer dans le centre du village, du quartier ou de la ville.
Les villages
Très souvent la piste piétons-vélos s’arrête à l'entrée du village ensuite il n'y a plus d'aménagement.
Tout le village est en zone 30. Cette limitation est mentionnée sur la chaussée.
Les petites villes
On a traversé de nombreuses villes de 5 000 à 40 000hab. Partout les itinéraires cyclables pour y rentrer et en sortir sont parfaitement sécurisés mais le plus frappant et de constater que le vélo est rentré dans les pratiques de déplacements des habitants. Le vélo est accessible partout. Étonnant, on y croise plus de piétons et de vélos que de voitures. Les centres sont aménagés en zone de rencontre, zones piétonnes très souvent pavées, ce qui leur donne un caractère plus accueillant. Des parkings à vélos partout, les rues et places ne sont pas envahies par des voitures en stationnement.
Ces centres sont vivants et animés: des marchés, des terrasses de café et de restaurants, des commerces, On ne voit pas de maisons délabrées ou abandonnées, pas de locaux commerciaux vacants. Les façades sont bien entretenues.
Les grandes villes
Nous avons traversé des grandes villes avec des agglomération importantes :
Bâle 193 000 hab, Ratisbonne 136 000 hab, Ulm 123 000 hab, Ingolstadt 120 000 hab,
Passau 50 000 hab. On sent que le vélo s'est inscrit dans les pratiques quotidiennes des déplacements, pour le travail, pour faire ses courses, mais aussi pour aller se baigner, promener son chien et aller à l'école maternelle!
On rentre bien dans les villes. C'est normal sur l'Eurovlo6 mais pas seulement là. Nous avons eu l'occasion de voir d'autres itinéraires aménagés et bien jalonnés.
C'est étonnant de voir que ce pays où l'automobile est aussi une industrie dominante et où les routes et autoroutes que l'on croisent en sont saturées, a réussi à créer et conserver des villes et réseaux d'itinéraires cyclables comme cela. Ce qui est aussi surprenant c'est la simplicité et le naturel de tous ces aménagements.